"La Croix : Quelle est la signification de ce « préambule doctrinal », qui est mis par le Saint-Siège comme condition de l’accord avec la Fraternité Saint-Pie-X ?
P. Jean-Paul Durand : Il était impossible de parvenir à un accord autrement. Benoît XVI a senti qu’on lui reprochait de s’être montré trop accueillant, et il était important de bien poser les choses. Dans un certain nombre de discours, depuis, il a d’ailleurs pris soin de rappeler l’importance du concile Vatican II. De ce fait, ce préambule a deux objectifs. D’abord la Fraternité Saint-Pie-X elle-même, mais surtout les tiers, les catholiques. Il est important que ces derniers ne puissent accuser Rome de s’être laissé récupérer, d’avoir trop reculé. Ce préambule doctrinal, sorte d’exposé des motifs, comporte donc un aspect de communication forte, de façon à ce qu’il n’y ait pas ensuite de procès d’intention.
Pourquoi d’un côté poser ce préambule, et de l’autre laisser ouverte « à une légitime discussion » des expressions ou formulations présentes dans les textes du concile Vatican II ?
C’est une méthode de dialogue, que l’on utilise aussi dans le dialogue œcuménique, avec les autres confessions chrétiennes. C’est ainsi qu’avec les luthériens, pour l’accord sur la doctrine de la justification, on a reconnu une base commune, mais aussi des différences d’appréciations, et c’est une manière de ne pas bloquer les choses. C’est la même chose ici : il est demandé aux intégristes un minimum incontournable, le préambule doctrinal, et on prend ensuite le temps de discuter sur certaines interprétations.
Minimum incontournable ?
Le respect « en bloc » du Concile, c’est-à-dire de son authenticité, de la légitimité de son enseignement. On ne peut transiger s’il n’y a pas ce minimum de départ.
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